mercredi 12 novembre 2014

Tranche de deuil (no 2) :

 Après le choc de la nouvelle vient le moment des grands rassemblements. Pour lui, une mer de monde s'est dessinée, chacun souhaitant offrir ses plus sincères sympathies et partager un peu de cette émotion insupportable lorsque gardée chacun pour soi.
Les témoignages touchants de ceux qui l'ont bien connu auront permis à tous les autres de bien saisir l'essence de ce jeu...ne homme, de cette vieille âme...
Et puis vient le moment où la famille se retrouve enfin seule, tissée encore plus serré qu'avant, afin que rien, ni personne, ne vienne les déchirer ou même tirer un pauvre fil. Le calme et le silence reprenne leur place, apportant tranquillité ou vide, c'est selon... Et mine de rien, sans que l'on puisse rien y faire, la vie reprend son cours.
Cette vie, avec qui on s'amusait bien et on avait prévu tant de beaux projets; cette vie, que l'on côtoyait au quotidien et avec qui on partageait tous nos secrets, tous nos espoirs... Cette vie, qui nous a joué un sale tour et à qui on hésite maintenant à faire confiance...
Elle me regarde en face et attend sagement sur le seuil de ma porte que je vienne la rejoindre et que l'on recommence à jouer comme avant... Je ferme les yeux. Je ne veux pas la voir et quand je la regarde, je ne la reconnais plus, cette vie, qui a changé d'un seul coup, sans nous prévenir, sans nous laisser le temps de se préparer... Je devrai faire la paix avec elle, un jour, je le sais bien, mais pas maintenant... Pas encore.
Le temps me prends par la main, comprenant bien mon dilemme. Il sait que chaque pas vers la porte est difficile alors il avance tout doucement, m'encourageant à faire de petits pas avec lui, me soutenant lorsque je tombe. Il ne me lâche pas, il prends bien soin de moi, il prend tout son temps.
Les portes vers l'extérieur se sont refermées, parenthèse obligée. Besoin de me reposer, penser à lui, respirer les parfums de sympathies qui flottent encore dans l'air... Pleurer. Rager. Aussi longtemps qu'il le faudra.

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