jeudi 23 octobre 2014

Tranche de deuil

La nouvelle a été foudroyante. Tous sont restés sans mot. Il n'est pas dans l'ordre des choses de mourir à 18 ans. Rien à ajouter.
Et eux, ceux qui partagent sa vie, son sang, restent là. Vivants. Respirant une bouffée d'air à la fois pour ne pas tomber. Il pleut de l'Amour sur eux. Des marques de sympathie fusent de toute part, souhaitant apaiser quelque peu la douleur, démon...trant une présence. Parfois maladroitement.
Et eux, ceux pour qui la nouvelle est tellement plus qu'une nouvelle, les cueillent, une à la fois, en respirant leurs parfums aux odeurs d'amour et d'amitié.
Demeurer présent, disponible, pour les attraper si jamais ils perdaient l'équilibre... S'assurer aussi que les parfums demeurent dans l'air... Aussi longtemps qu'il le faudra.

vendredi 17 octobre 2014

Tranche de coffre aux trésors (2)

- Il se bombe de vie, au fil des jours, le petit ventre de Marie;
- Il est toujours fermé à clé, impossible d'y pénétrer, le petit coffre à Marie;
- Et le papa, pour une première fois, se trouve ému de sentir la vie sous ses doigts, sur la peau douce de sa belle Marie;
- Et il a déjà un nom, juste pour lui, le petit garçon de Marie.

samedi 11 octobre 2014

Tranche de fromage

À notre arrivée à Rivière du Loup, sous la clarté de la lune, nous nous arrêtons dans un dépanneur, histoire de s'acheter une petite collation de fin de soirée. Mon choix, toujours le même dans ces occasions, chips and cheese. Quelques minutes plus tard, stationnée devant l'hôtel, en attendant que mon chéri fasse le "check in", je décide de goûter le fromage en question.
Confortablement emballé dans son plastique rigide, style "ficello" mais en plus coriace, je tente de l'ouvrir en utilisant les techniques habituelles. Voyant l'inefficacité de mes actions, je décide de mettre un peu plus d'effort. Toujours rien. J'opte finalement pour une variation, soit la technique du "sac de chips"; ici encore, sans succès.
Je me dis qu'il doit bien y avoir une petite fente quelque part que je pourrais déchirer; j'ouvre une lumière dans la voiture et je cherche attentivement en tournant le fromage dans tous les sens. Comme je ne trouve rien, je me dis qu'elle doit être discrète et que c'est pour ça que je ne la vois pas. Je tente donc de "déchirer" à tous les endroits où l'on retrouve habituellement ce genre de fentes. Aucun résultat.
Je commence à me sentir légèrement frustrée à l'idée qu'un fromage me tienne ainsi tête! J'applique donc la méthode "de force" et je recommence à tout faire ce que j'ai essayé depuis le début mais avec une légère agressivité dans le doigté. Rien à faire! Le paquet demeure intact et le lait caillé me rit en pleine face! Je sens maintenant la colère qui arrive les poings sur les hanches, l'air de dire que tout ceci est franchement ridicule. Je suis d'accord avec elle. Je respire... Je me dis qu'il ne faut par oublier que je suis en haut de la chaine alimentaire et pas lui. Je décide donc d'utiliser mon intelligence et je m'applique à lire ce qui est écrit sur l'emballage dans l'espoir d'y trouver la solution.
C'est à ce moment que du coin de l'œil, je vois une dame assise dans son auto, à deux pas de moi, me regarder attentivement. Je n'ose pas penser à ce qu'elle a pu voir et imaginer, mais là, je ne peux que constater qu'elle me voit lire mon fromage... Je décide de l'ignorer. Je retourne à mes instructions. Évidemment, il n'y a rien qu'une liste d'ingrédients. Je cède alors à mes instincts de base et aux grands mots, les grands remèdes, j'attaque avec mes dents!
C'est alors que mon chéri revient. Je lui explique mon malheur et mon ultime recours aux crocs de rage; il sourit et dit simplement qu'il y a sûrement un moyen d'ouvrir ce fromage. Même s'il ne le dit pas, je sais qu'il pense que lui le trouvera, ce foutu moyen! Je le haïs.
Une fois installée dans notre chambre, je reprend l'ennemi et je le regarde attentivement avant de décider de ma prochaine manœuvre. Mon chéri s'en aperçoit, me le prend doucement des mains et file vers la salle de bain où il y a plus de lumière. J'attend. Il revient enfin, le plastique déchiré, l'ennemi vaincu. Je le récupère et le croque sans préliminaires. Douce vengeance.Je remercie mon chéri, plutôt curieuse de savoir comment il a réussit aussi rapidement. Un seul mot sort de sa bouche : dents. Je souris à mon tour, nul besoin d'en rajouter... La victoire me suffit.