jeudi 9 avril 2015

Tranche de bronze

Je suis revenue du boulot un peu plus tard que d'habitude; j'étais un peu fatiguée mais je suis tout de même aller chercher le courrier dans la petite boîte aux lettres du bout de la rue. Il était temps, elle débordait. (Il faut vraiment que j'y aille plus souvent!) Parmi la pile de lettres et autres paperasseries qui s'y trouvait, une petite enveloppe beige, toute simple, se tenait là, bien tranquille. Elle n'était pas pour moi, elle était adressée à Monsieur Samuel Beaubien. Elle a tout de même attirée mon attention alors je l'ai regardé de plus près. La lettre venait de la rue Des Parlementaires à Québec... Je me suis retenue de l'ouvrir (j'aurais jamais fait ça mais c'est pas l'envie qui manquait, j'vous jure!) alors je l'ai déposé sur la table en attendant qu'il revienne du Cégep.
Il est finalement arrivé. Je lui ai immédiatement tendu l'enveloppe, retenant à peine mon excitation. Il a sourit, a prit tout son temps, la regardant sous tout ses angles, prenant même une p'tite photo... (De toute évidence, il savourait ce moment!) Il l'a finalement ouverte, l'a lu silencieusement, sans réaction. Je me suis penchée par dessus son épaule, incapable de soutenir l'attente plus longtemps. La lettre commençait par : "J'ai le très grand plaisir..." (J'me suis dit que c'était vraiment bon signe ça!) "... de vous informer que vous êtes récipiendaire de la Médaille du Lieutenant-gouverneur pour la jeunesse. Celle-ci reconnait votre remarquable engagement scolaire et communautaire."
Mon cœur a explosé de fierté! J'ai rattrapé les morceaux au vol (je sais bien que j'en aurai encore besoin avec ces trois garçons là!), j'ai retenue une petite larme, l'ai prit dans mes bras. Pur moment de bonheur.

lundi 6 avril 2015

Tranche de magie

Lorsque j'était toute petite, nous avions une tradition à Pâques. Très tôt, juste avant que le soleil ne se lève, ma grande sœur me réveillait doucement et nous partions à pied toutes les deux, sans faire de bruit, dans la pénombre du p'tit matin.
Il fallait d'abord descendre la grande côte puis traverser la route et ensuite marcher dans les champs et le boisé pour finalement atteindre notre destination. Je me souviens de la fraîcheur de l'air sur mes jou...es et du bruit de la neige qui craquait lorsque je marchais dessus avec mes petites bottes de pluie. Parfois, une légère vapeur s'échappait de nos bouches pour s'envoler dans le ciel aux teintes rosées. Les oiseaux, chantaient d'abord discrètement puis de plus en plus fort au fur et à mesure que nous avancions dans le bois.
Je me souviens aussi clairement du bruit que faisait le ruisseau qui coulait plus fort à ce moment de l'année, propulsé par la fonte des neiges. On pouvait l'entendre de loin, comme un vent qui souffle et plus on s'en approchait, plus le son était fort et cristallin. J'aimais bien marcher dans cette eau glacée et sentir le caoutchouc de mes bottes se resserrer sur mes pieds. Ma sœur, toujours vigilante, ne me lâchait pas des yeux, craignant que je perde pied. Il fallait se dépêcher car pour que notre eau soit de la véritable "eau de Pâques miraculeuse", il fallait la puiser avant que le soleil ne se lève. Nous revenions ensuite, éclairée par les premiers rayons du matin et nous rapportions notre récolte à ma mère, qui s'empressait de mettre le tout au réfrigérateur.
Je ne me souviens pas vraiment d'en avoir bu, ni de m'être questionnée sur les effets possibles de cette eau; je crois bien que j'avais déjà compris que c'était ce moment unique, partagé avec ma grande sœur, qui était magique!