dimanche 31 août 2014

Tranche de vieux couple

La scène est typique et pourtant propre à chaque couple. Salle de bain du 1er étage, petit matin tranquille. Mon chéri se brosse les dents pendant que je sors de la douche, ruisselante. Chacun vaque à ses p'tites occupations d'hygiène de base lorsqu'il me lance comme ça, sans contexte, ni référence à une quelconque conversation : "J'pensais à ça..." Et moi de répondre :" En effet! On pourrait même le faire aujourd'hui au cas où....!" Mon chéri se retourne, me regarde droit dans les yeux et dit: "Est-ce que tu sais aumoins de quoi je parle?" et moi de répondre : "Bien-sûr! De la fosse sceptique qu'il faut déterrer!" Il me regarde, de toute évidence abasourdi par cette réponse pile-poil sur le sujet. Je le regarde, sans trop comprendre où est le problème. Il ajoute : "Comment as-tu fais pour savoir que j'allais parler de ça? J'ai seulement dit: j'pensais à ça... ?" Je le fixe avec un p'tit clin d'œil dans la voix et lui dit: "Tu sais bien qu'on est connecté toi et moi!" "En effet!" me répond-il en souriant et en se secouant la tête, encore sous le choc. Il termine de se brosser les dents et moi de me sécher, on règle l'histoire de la fosse et il me regarde à nouveau en disant: "C'est quand-même capoté d'être aussi connecté!" Et moi de répondre: "j'cré ben que c'est ça que ca donne 25 ans de vie commune! Il n'ajoute rien, me sourit tendrement, de ce sourire qui ne nécessite aucune explication supplémentaire.

jeudi 28 août 2014

Tranche de dignité

Il y a des moments dans la vie d'une femme où l'humilité est de mise. Une visite chez certains spécialistes de la santé en est un bon exemple. Peu importe qui vous êtes ou ce que vous faites dans la vie, une fois les culottes baissées, ca ne fait plus aucune différence. Les hommes doivent aussi se soumettre à certaines pratiques médicales plus ou moins agréable, j'en convient, mais je me concentrerai ici sur des trucs de femmes si vous voulez bien.

1ère étape: le questionnaire sur les habitudes de vie. Vous mangez bien des fruits et légumes? Vous faites de l'exercice régulièrement? Diriez-vous que vous avez pris du poids? Vous prenez des médicaments? Vous avez une vie sexuelle active? Et vos selles? Vous pouvez choisir l'image qui leur correspond le mieux. Heu... Oui, quand-même - Non, pas vraiment - oui, malheureusement - non - qu'entendez-vous par là exactement? - le numéro 4.... (Pas nécessairement dans cet ordre! ;-) )

2e étape : Maintenant, levez-vous s'il-vous plait. Levez la jambe, puis l'autre, sautez, tenez vous en équilibre, penchez-vous, encore, encore.... Laissez-moi vérifier vos réflexes. Hum... (Rien ne bouge. J'en conclu que mes réflexes sont déjà à la retraite les chanceux!) Est-ce que ca vous fait mal quand je vous touche ici? Et là? Si j'appuie plus fort? C'es bon, mettez cette jaquette, enlevez uniquement vos pantalons et vos petites culottes et étendez-vous la; je reviens tout de suite. J'obéis sagement.

3e étape : Si vous êtes d'accord, je vais faire une petite vérification. Écartez un peu les genoux. Si j'insère mon doigt ici, ca vous fait mal? Et ici? Et si je pèse plus fort? Maintenant, serrez fort! Plus fort. Et puis j'ai droit à des explications sur un tas de trucs en fait, fort intéressants. J'avoue avoir eu un peu de difficulté à me concentrer avec ce doigt toujours en place... Disons que ce n'était simplement pas naturel d'avoir une conversation dans cette position. C'est bon me dit-elle finalement. Vous pouvez vous rhabiller. Ce que je fis.

Dernier échange d'informations. Fin de la consultation. Je repars avec des réponses et quelques documents. Satisfaite malgré tout. Ha oui! J'allais oublié. Je reprends ma dignité au passage... Je l'avais laissé à l'entrée. Je pourrais en avoir encore besoin. ;-)

jeudi 14 août 2014

Tranche d'été

Il fait 37° degrés à l'ombre en ce samedi après-midi d'été. C'est le calme plat. Mon chéri dort sur le divan, le chat sur la galerie. Rien, ni personne n'ose bouger on dirait. Un petit bruit résonne chaque fois qu'une goutte de ma jardinière bien arrosée tombe sur le plancher de ma galerie. Si on écoute bien, au loin, quelques voix émergent du silence; ce sont des rires d'enfants s'éclaboussant dans une piscine quelconque. Un grillon me sort de ma rêverie, chantant haut et fort qu'il est là.
 
Il me fait penser à ma mère qui disait toujours que quand les grillons chantent, c'est qu'il fera chaud. Chère maman, déjà 30 ans que tu nous as quitté. Je me demande ce qu'elle ferait aujourd'hui par cette belle journée chaude d'été; je sais qu'elle les adorait. Un p'tit garçon arrive tout-à-coup en courant et se dirige vers le parc, comme si la température n'avait aucune emprise sur lui. Derrière, deux parents trainent le pas, de toute évidence accablé par la chaleur. C'est fou ce qu'on est prêts à endurer pour nos enfants! Maman s'assoit à l'ombre pendant que papa reste tout près du module, bien attentif. Quelques minutes à peine suffiront pour qu'il aille se cacher sous l'ombre d'un arbre, prétendant jouer à la cachette... Petit mensonge innocent de parents désireux de ne pas fondre.
 
Un véhicule arrive, attirant l'attention de tous. Un grand cossu en sort, complètement trempé de sueur. Il est là pour le gazon explique la maman a son p'tit homme en se préparant à quitter. Sans gêne, notre monsieur-transpiration interpelle le garçon et de fil en aiguille, une conversation s'installe confortablement entre tout ce beau p'tit monde. La scène se termine par papa assit sur le tracteur et le garçon entre ses genoux. Il est content le p'tit bonhomme, c'est évident. Vite, vite, maman sort son téléphone et prend une photo de ce moment inattendu. Je l'imagine déjà sur Facebook. Monsieur gazon finit par reprendre les armes, la petite famille quitte. Je rentre me rafraichir, mon chat me suit de près. Je m'assois pour vous écrire ces quelques lorsque j'entends un bruit familier... Je lève les yeux et aperçoit le félin en question en train de vomir sa vie sur le tapis d'entrée. Je vous l'accorde, il y a des plus belles fins que ca... Dites-vous que aumoins, vous n'avez pas eu à le ramasser. ;-)

Tranche de nid

Les vacances (du latin « vacare », « être sans ») sont selon le dictionnaire, "une période de temps pendant laquelle une personne cesse ses activités habituelles". Personnellement, ne simplement plus avoir à me lever le matin répond très bien à mon p'tit besoin de cessation d'activités habituelles. Faire ce que je veux, quand je le veux, pour la prochaine heure ou la prochaine sem...aine... Bonheur. Pendant leurs vacances, certaines personnes choisissent de voyager, camper, profiter des activités offertes un peu partout, bref, sortir de leurs "activités habituelles" en s'activant. Cet été, mon chéri et moi, avons décidé de faire des petites choses, NON planifiées à l'avance ou le moins possible s'il-vous-plait. C'est le but. Décrocher. Pas d'horaire. Pas d'attentes. Un minimum d'obligations. Bien du plaisir.

 Nous sommes allés aujourd'hui à Richmond, petite ville charmante aux accents anglophones. Ma ville natale. Escalade du mont Pinacle d'abord, puis dîner sur la "main" ou la rue principale, si vous préférez. Même si la pizza est demeurée tout aussi délicieuse que dans mes souvenirs, la ville elle, a bien changé. Moi aussi j'ai changé alors comment lui en vouloir... Elle demeure toujours aussi belle, blottie dans une vallée, veillée par la rivière qui y coule tout doucement, mais les visages que j'y croise ne se ressemblent plus. Ne me reconnaissent plus. Il y a si longtemps, c'était mon nid, maintenant, c'est celui de quelqu'un d'autre. Ainsi va la vie je suppose. Je les envie tout de même ces gens qui habitent ces petits villages où tout le monde se connait. C'est un peu comme une grande famille. J'ai quitté pour les études, le travail et je ne suis jamais revenue. Je ne suis pas la seule. Réalité trop commune de ces petits patelins.

 Après la pizza, j'ai aperçu un homme en vélo qui parlait fort et semblait intoxiqué; il avait une immense barbe blanche en broussaille et des cheveux sans fin; il s'adressait à quelqu'un qui l'écoutait sagement, sans dire un mot. Je l'ai observé. Vous savez, cette impression de familiarité que l'on a parfois en croisant certaine personne? Je n'arrivais pas toutefois à lui mettre un nom, une identité. Je n'ai pas osé m'arrêter pour le lui demander non plus. Ca me rend triste de penser que j'ai pu le côtoyer à une époque où il avait des projets plein la tête et la vie devant lui alors que maintenant, caché sous cette armure de poils et d'alcool, ca ne semble plus être le cas. Peut-être que je me trompe. J'aimerais bien. Je ne cesse de repenser à ce monsieur qui sans même me regarder ou m'adresser la parole, a laissé une empreinte sur mon âme. Elle finira bien par s'effacer, je le sais bien, mais en attendant, je pense à lui et au fait que même si ce n'est pas la première fois que je rencontre quelqu'un dans cette situation, cette fois-ci, c'est différent. Ca me touche d'avantage. Pourquoi? Semble-t-il qu'après toutes ces années, même si je le croyais brisé, ce fil, ce lien, devenu invisible avec le temps, est de toute évidence toujours là. Bien solide. C'est mon nid... et ca me fait du bien.

mercredi 13 août 2014

Quand la pluie fait bon ménage...

J'adore ces journées de pluie où tout devient plus calme et plus lent. Je les aime tout le temps mais encore plus pendant les vacances. Pas de soleil, ni de chaleur, ni de possibilité de faire de tâches à l'extérieur. Parfait pour moi. Ca diminue aumoins de moitié les possibilités de choses à faire et ca prend bien soin de la culpabilité de ne pas aller "dehors" alors qu'il fait beau. Reste à décider ce que l'on souhaite faire à l'intérieur maintenant. J'ai plusieurs options. Vous les connaissez toutes, ce sont les mêmes pour tout le monde. Je choisis d'en regrouper quelques unes afin de rendre l'utile, pas mal plus agréable.

Mon chéri est occupé au sous-sol à mettre de l'ordre dans son futur établi. Des trucs de gars. Je ne m'en mêle pas. J'entends sa musique même si la porte est fermée. Excellent. Je met donc la mienne, les sœurs Boulay, et je commence par la vaisselle en chantant à tue tête. Je lève les yeux pour réaliser que la fenêtre bénéficierait d'un bon p'tit nettoyage. Windex en main, je débute l'opération qui se terminera debout sur une chaise pour nettoyer du même coup les cadrages, les armoires de chaque côté, la lampe au-dessus et le plafond. Tant qu'à y être...

Une fois redescendue, mon regard se pose sur deux petits distributeurs de savon à main, en attente depuis aumoins 48 heures, d'être remplis. Je m'y met. La bouteille est presque vide alors après en avoir rempli un, je trouve une façon de faire tenir ma bouteille à l'envers sur l'autre; goutte à goutte, goulet sur goulet, il n'y aura pas de gaspillage. Je suis fière de moi. Je laisse le tout se faire tout seul.

Je décide de poursuivre l'aventure en me dirigeant vers mes portes patio. Fenêtres, cadrages, une fois au bas de la porte, j'étire mon bras vers la plinthe qui a elle aussi bien besoin d'un p'tit dépoussiérage. Je la suis, elle me mène loin la p'tite torieuse et puis on passe sous le convecteur... Aussi bien le faire lui aussi, tant qu'à y être....

Mon chéri remonte à la surface, pitonne sur l'ordi, à la recherche de quelque chose à clouer... Bon d'accord, il dit que c'est pour accrocher ses outils mais bon, moi je soupçonne qu'il veut simplement se trouver une raison d'aller à la quincaillerie. Je me rapproche de lui, histoire de profiter un peu de sa présence et j'aperçois des taches à la base de mon ilot. Me revoici à 4 pattes, jasant allègrement de tout et de rien avec mon chéri. Évidemment, l'ilot y passe au complet. Mon chéri se lève et annonce finalement qu'il doit aller au Rona. Je passe mon tour; j'ai déjà donné cette semaine.

Le voilà parti sous la pluie. Le silence me fait réaliser que les sœurs ont fini de chanter. J'en profite pour ouvrir la télévision, espérant y voir un bon vieux film de Robin Williams. Il me trotte dans la tête celui-là, c'est pas possible comment la mort de quelqu'un qu'on ne connait même pas personnellement peut nous affecter. Quelle tristesse. Je défile les chaines, rien de Robin mais tout de même un autre film relativement intéressant. Ca fera l'affaire. Je me fait un petit déjeuner, un 2e café et je m'installe devant la télé. Une fois le tout avalé, je concocte un plan. J'époussette et nettoie mes fenêtres au salon pendant le film et je poursuis l'attaque de ma cuisine pendant les commerciaux. Efficace la fille non?

Ce fut donc une succession d'aller-retour qui, je dois bien l'avouer, fut plus ou moins efficace. J'ai réussit à tout faire mais en un temps record de lenteur... Ce qui n'est pas peu dire considérant que je ne suis pas vite vite pour commencer. Quelques minutes avant la fin du film, je troque mon chiffon pour de la Salsa afin de mettre mon énergie sur la fabrication de savoureux nachos avec mon fils qui a faim. Il fait la guacamole, je m'occupe du reste. On bouffe, il disparait, je retourne à mes torchons.

Après avoir choisi une autre émission de télé, je m'attaque à la salle d'eau, puis à l'aspirateur, toujours au fil des commerciaux. Le temps passe. Mon fils part travailler, mon chéri revient les mains pleines de trucs à clouer et moi je suis toujours là, les fesses sur le bout du "pouf", attendant la venue du prochain commercial pour poursuivre ma mission.

J'ai fini par finir... Ca aura juste été un peu plus long qu'à l'habitude. Peut-être que demain j'attaquerai l'étage ou le sous-sol, qui sait? Ca dépendra de la température et de mon humeur. Après tout, je suis en vacances, je fais ce que je veux.

Il est tard maintenant. Il pleut toujours. La maison sent un mélange de Windex et de nachos. Je vous écris ces quelques mots chaque fois qu'il y a un commercial. J'adore ces journées de pluie ou tout devient plus calme et plus lent... 

lundi 11 août 2014

Tranche de p'tit couple

Dimanche après-midi, 15h30. Quincaillerie quelconque. Département du fin fond du magasin, rangée des planches de bois. Bon d'accord, je suis certaine qu'avec un p'tit effort, j'pourrais trouver un nom plus élégant, genre: rangée des panneaux à projets... Ce serait cute non? On s'imagine déjà le "projet en question" terminé. Yé! :-)
 
Sérieusement, j'aime bien allé faire des commissions avec mon chéri mais je ne sais trop pourquoi, lorsqu'il me dit devoir aller à la quincaillerie, je crois bien que je tombe en mode plante verte. Je me convaincs que ce sera agréable et qu'on pourra aller prendre un café ensuite. Et on pars. Une fois arrivé, je prends tout-à-coup conscience de ma situation. Je ne dit pas un mot car j'ai choisi d'être là; je prends donc une grande respiration, met mon cerveau à "veille" et un pied devant l'autre, le suit pas à pas. Je regarde toujours discrètement vers le coin déco, cherchant à voir de loin quelque chose d'intéressant. Je finis toujours pas y aboutir mais pas sans avoir passé un minimum de temps entre 2 boites de clous. Quand-même. C'est comme si je sentais un devoir de blonde; après tout, c'est souvent moi qui lui demande de réparer ou rénover ceci ou cela. Appelons-ca un soutien psychologique dans ses décisions d'homme de garage. (On a peut-être pas de garage mais on est quand-même pu dans le temps des cavernes!) 
 
J'observe beaucoup dans ces moments là. Je l'observe lui, mon chéri, mon homme, dans son 2e habitat naturel. Il aime ces endroits, je le sais. Il marche d'un pas assuré, parle avec une aisance déconcertante un dialecte aux forts accents anglophones. Je ne suis pas certaine de comprendre ce qu'ils disent; je ne dis donc rien. J'observe l'activité à prédominance XY autour de moi. J'observe aussi les autres femmes; certaines parlent la langue et conversent confortablement dans cet univers de testostérone. Pas de problèmes pour elles. Je les envie ces femmes qui savent tout faire. Elles ne dépendent de personne. Enfin, on dirait. Parfois, dépendre de quelqu'un est un choix. Parfois, non. Parfois, c'est beaucoup plus compliqué que ça, je le sais bien. 
 
Puis on repart. Je continue à regarder tout autour de moi, une rangée après l'autre. On cherche sûrement quelque chose. Je fais attention de ne pas frapper d'autres automates qui comme moi, avancent au son. Je ne touche à rien, ou presque; parfois je me laisse aller à effleurer ce bois du bout des doigts. Tout est "brut" ici, rien de raffiné. Ca sent bon. Ca me rappelle l'atelier de travail de mon père, son "refuge" comme il l'appelait, dans le cabanon derrière la maison. Ca y sentait toujours bon le bois. Lorsqu'il rentrait pour dîner, il avait toujours du brin de scie dans les cheveux. Il sentait bon lui aussi. C'est peut-être pour ça que je continue à accompagner mon chéri à la quincaillerie...
 
Bon, on réactive le mode "veille"; on a trouvé ce qu'il nous fallait apparemment alors il est temps de partir. Prochain arrêt... La pharmacie. J'adore les pharmacies. On y trouve plein de trucs; des rangées et des rangées de "gogosses" de toutes sortes. Et ca sent si bon. J'y passerais des heures! On arrive, on entre. Je marche, il est derrière moi. Lorsque je me retourne pour voir ce qu'il fait, il ne dit rien. Chéri? Pas de réponse. On dirait bien que son cerveau est en mode "veille".... ;-)