dimanche 18 janvier 2015

Tranche de chicane

D'abord, les talons de bottes qui montent jusqu'au cou, ca claque sur un plancher d'église... Je n'y avais pas pensé! Je marche donc doucement sur le bout des pieds, appuyée sur mon chéri, comme un voleur qui se faufile "en douce". L'image est bonne car je dois bien l'avouer, je ne suis pas très à l'aise; les églises, c'est pas vraiment mon truc. Je n'ai rien contre elles tou...tefois, je veux que ce soit bien clair, c'est juste qu'à un moment de ma vie, le bon Dieu pis moi, on a eu une chicane... J'étais en colère après lui d'avoir emmené ma petite maman adorée. Voilà. Du haut de mes 18 ans, je l'avais déclaré "responsable" et même si avec du recul je comprends bien que c'était ma façon de vivre ma peine, nous ne nous sommes jamais vraiment réconcilié. On s'est bien croisé quelques fois, le temps d'un mariage, d'un baptême ou de funérailles, mais rien de plus. Bref, me voilà assise sur un banc d'église, sûre de rien mais constatant rapidement que je suis entourée de poils et de plumes... De quoi vous dites?? En fait, ce sont de coquettes vieilles dames, bien emmitouflées dans leurs chauds manteaux d'hiver. La cachette parfaite... Le bon Dieu ne me trouvera jamais ici.
Bien à l'abri dans ma jungle de fourrures, j'observe attentivement ce qui se passe autour de moi. De façon intéressante, c'est plutôt ce qui se passe à l'intérieur de moi qui finit par attirer mon attention. On dit bien que les églises sont des endroits propices au recueillement et à l'introspection, je me laisse donc aller vers ce voyage intérieur, sans résister. Aujourd'hui, c'est une petite famille que je suis venue soutenir dans ce qui est sans doute l'épreuve la plus difficile de leur vie : le deuil d'un des leurs. Je les observe. Ils sont assis tous les quatre un à côté de l'autre, bien collés par un lien plus fort que la mort. Mon cœur se serre, mes yeux se mouillent, l'impuissance vient me prendre doucement par la main. Je suis là pour eux mais je réalise vite que tout ceci m'amène ailleurs. Je me sens tout-à-coup ridicule avec mes vieilles rancunes; il est temps de faire la paix avec lui mais surtout avec moi. Étrangement, je me sens reconnaissante pour tout ce que la vie m'a donné jusqu'à maintenant. L'impuissance laisse ma main, la paix s'en empare immédiatement. La messe est finie, je me lève, un peu plus légère qu'à mon arrivée. Je quitte sans me retourner, bien consciente que je ne reviendrai pas ici avant un bon bout de temps. Les églises, ce n'est toujours pas mon truc. Je sais toutefois que la prochaine fois, je n'aurai pas besoin de poils et de plumes...

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