jeudi 14 août 2014

Tranche de nid

Les vacances (du latin « vacare », « être sans ») sont selon le dictionnaire, "une période de temps pendant laquelle une personne cesse ses activités habituelles". Personnellement, ne simplement plus avoir à me lever le matin répond très bien à mon p'tit besoin de cessation d'activités habituelles. Faire ce que je veux, quand je le veux, pour la prochaine heure ou la prochaine sem...aine... Bonheur. Pendant leurs vacances, certaines personnes choisissent de voyager, camper, profiter des activités offertes un peu partout, bref, sortir de leurs "activités habituelles" en s'activant. Cet été, mon chéri et moi, avons décidé de faire des petites choses, NON planifiées à l'avance ou le moins possible s'il-vous-plait. C'est le but. Décrocher. Pas d'horaire. Pas d'attentes. Un minimum d'obligations. Bien du plaisir.

 Nous sommes allés aujourd'hui à Richmond, petite ville charmante aux accents anglophones. Ma ville natale. Escalade du mont Pinacle d'abord, puis dîner sur la "main" ou la rue principale, si vous préférez. Même si la pizza est demeurée tout aussi délicieuse que dans mes souvenirs, la ville elle, a bien changé. Moi aussi j'ai changé alors comment lui en vouloir... Elle demeure toujours aussi belle, blottie dans une vallée, veillée par la rivière qui y coule tout doucement, mais les visages que j'y croise ne se ressemblent plus. Ne me reconnaissent plus. Il y a si longtemps, c'était mon nid, maintenant, c'est celui de quelqu'un d'autre. Ainsi va la vie je suppose. Je les envie tout de même ces gens qui habitent ces petits villages où tout le monde se connait. C'est un peu comme une grande famille. J'ai quitté pour les études, le travail et je ne suis jamais revenue. Je ne suis pas la seule. Réalité trop commune de ces petits patelins.

 Après la pizza, j'ai aperçu un homme en vélo qui parlait fort et semblait intoxiqué; il avait une immense barbe blanche en broussaille et des cheveux sans fin; il s'adressait à quelqu'un qui l'écoutait sagement, sans dire un mot. Je l'ai observé. Vous savez, cette impression de familiarité que l'on a parfois en croisant certaine personne? Je n'arrivais pas toutefois à lui mettre un nom, une identité. Je n'ai pas osé m'arrêter pour le lui demander non plus. Ca me rend triste de penser que j'ai pu le côtoyer à une époque où il avait des projets plein la tête et la vie devant lui alors que maintenant, caché sous cette armure de poils et d'alcool, ca ne semble plus être le cas. Peut-être que je me trompe. J'aimerais bien. Je ne cesse de repenser à ce monsieur qui sans même me regarder ou m'adresser la parole, a laissé une empreinte sur mon âme. Elle finira bien par s'effacer, je le sais bien, mais en attendant, je pense à lui et au fait que même si ce n'est pas la première fois que je rencontre quelqu'un dans cette situation, cette fois-ci, c'est différent. Ca me touche d'avantage. Pourquoi? Semble-t-il qu'après toutes ces années, même si je le croyais brisé, ce fil, ce lien, devenu invisible avec le temps, est de toute évidence toujours là. Bien solide. C'est mon nid... et ca me fait du bien.

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